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mercredi 20 février 2013

Francis Dubrac, Président du Medef 93 Ouest : un patron aimé par ses collaborateurs

Manuel Paulos : Dubrac, fil conducteur. Il a quitté le Portugal à 20 ans pour intégrer l’entreprise dionysienne de travaux publics. Et y a fait toute sa carrière, à manœuvrer des engins de chantier.

Capturedubrac

On l’a découvert dans un joli petit ouvrage qui retrace l’histoire de la société Dubrac depuis sa création, en 1922. L’histoire d’une entreprise de travaux publics dionysienne qui recoupe étroitement celle de la ville. Manuel Paulos y a travaillé 44 ans. « Je suis né au Portugal où j’ai grandi jusqu’à 20 ans. »
Nous sommes en 1964 et la vie au sein de cette famille nombreuse de paysans est dure. Le régime de Salazar met sa jeunesse à sa botte et l’horizon est bouché. Un ami de Manuel est déjà parti en France et a trouvé du travail dans une boîte de Saint-Denis, Dubrac. « Je lui avais dit : dès que tu as quelque chose, écris-moi. »


Il ne dit rien de ses intentions à sa famille. Il lui faut emprunter l’argent pour les passeurs, aidé par un voisin qui se porte garant et, le 31 août 1964 au coucher du soleil, prévient ses parents qu’il part. Le soir même. Le choc est rude mais sa détermination inflexible. Ils sont 187, dont une femme, précise-t-il, à s’exiler, traversant l’Espagne à pied, marchant la nuit, s’arrêtant dans la forêt le jour pour échapper à la police franquiste.


L’arrivée à Bayonne est un vrai soulagement. « Surtout lorsqu’on est montés dans le train », souffle Manuel. Parvenu à Paris, gare d’Austerlitz (« je n’avais jamais vu autant de monde ! » s’écrit-il), ne connaissant personne, ne parlant pas français, il débarque en bus à Saint-Denis où vit son ami.


« Il habitait au 9, allée du Chantier. C’était au bidonville du Franc-Moisin. Deux jours plus tard, je suis entré chez Dubrac, alors au 417, avenue Wilson, près de la Porte de Paris. C’était le 11 septembre 1964 ! » Son premier travail ? « La brouette ! Pour amener les pavés et le sable aux paveurs. C’était place de la Résistance. »

Stade de France, Bastille, Concorde…


Petit à petit, Manuel, qui a le goût du travail, apprend le français, trouve sa place au sein de l’entreprise, apprécie son ambiance familiale. « Pour quelqu’un qui veut bosser, il n’y a pas mieux », dit-il aujourd’hui. Devenu conducteur d’engins, il travaille sur de nombreux chantiers. Il cite d’emblée à Saint-Denis le Stade de France, les espaces au-dessus de l’autoroute à la Plaine, la rue Clovis-Hugues (« elle était longue, celle-là », rigole-t-il) et à Paris la place de la Bastille, le parvis de Notre-Dame, la place de la Concorde, les quais de Seine…


Après six mois au bidonville, il a vécu dans une chambre mansardée rue Gabriel-Péri, puis à la Mutuelle, enfin dans un petit pavillon Porte de Paris, « grâce à François Dubrac (oncle de Francis, ndlr), dit-il avec émotion. Et j’y suis resté 27 ans. »


Après avoir remboursé son voyage, en deux ans, il envoie de l’argent à sa famille et la vie s’étire, entouré de sa première femme, aujourd’hui décédée, et de son fils. « Jusqu’à la retraite, le 31 décembre 2008. » Depuis, Manuel, qui a quelques problèmes de santé, vit à Paris avec sa seconde épouse mais s’intéresse toujours autant à son entreprise.

« Quand je rencontre Francis Dubrac, ça me rajeunit », sourit-il.

Il en parlerait des heures, se souvient des jeunes qui arrivaient, de l’entraide qui régnait, même s’il y avait des moments durs. « Mais on travaillait en camarades. C’était une vraie famille… » Il n’envisage pas de retourner au Portugal. « Ici, c’est mon pays, il m’a mis debout ! »

Benoît Lagarrigue

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