La basilique de Saint-Denis sans sa flèche
Sur le flanc gauche, il y a comme un vide. Un trou à la
place de la tour. Depuis plus d'un siècle et demi qu'il manque à la Basilique
Saint-Denis une flèche et le maire veut la voir à nouveau dominer les toits
franciliens. Vendredi 1er mars, Didier Paillard a présenté avec Patrick
Braouezec, président de Plaine commune, un projet de reconstitution de
l'édifice. Avec comité de parrainage et mécénat.
Jusqu’en 1837, la basilique était pourvue d'une immense
flèche comme tous les édifices gothiques. Cette année-là la foudre frappe l’édifice
et la détruit partiellement. Dix ans plus tard la tour Nord est démontée par
Viollet Leduc. Du haut de ses 86 mètres, elle se voyait pourtant de loin, comme
un signe guidant les pèlerins vers les tombeaux royaux. Le monument restera
amputé, déséquilibré avec sa seule tour restante.
Voilà trente ans que son sort est discuté : rebâtir la
flèche manquante à l’identique, laisser la cathédrale dans sa forme bancale
avec son histoire ou en construire une contemporaine ? C’est Marcelin Berthelot
qui le premier voulut, en 1987, reconstruire l’édifice conforme à son origine.
Manifestations, pétitions, sons et lumières avec reconstitution par laser…le
maire PCF ne lésine pas sur la campagne de communication. Il fallait redonner à
la basilique toute sa fierté. Le feu vert du ministère de la culture arrive
enfin en 1989. Mais Jack Lang n’y alloue pas un franc, la banlieue n’était pas
la priorité en matière architecturale.
"Redonner du souffle au coeur de ville"
La ville s’est ensuite tournée vers un autre grand projet,
le Stade de France, construit sur l’ancienne zone industrielle. C’est lui a
fait venir les entreprises et les emplois. La flèche de la basilique est
retournée dans les cartons. Pourtant l’église prestigieuse attire toujours 180
000 touristes par an. C’est en effet sous sa nef que reposent tous les rois de
France. Le bâtiment religieux est marqué par l’histoire et en garde les traces
: c’est ici que Jeanne d’Arc est venue se faire soigner. Henri IV y proclama
lors de son baptême que « Paris vaut bien une messe », abjurant là son protestantisme.
Et Napoléon fit de l’ancienne abbaye une maison d’éducation pour jeunes filles,
la Légion d’honneur.
Depuis des années, l’édifice gothique souffre de multiples
infiltrations et se dégrade. Quand voici quelques mois, la restauration de la
façade a été entamée, l’idée de la reconstruction de la flèche a refait
surface. « La Basilique doit retrouver sa forme originelle. Il est venu le
temps de reconstruire la flèche » ont de nouveau décrété le maire, Didier
Paillard et Patrick Braouezec, président de Plaine commune. « Il faut un projet qui redonne du souffle au
cœur de ville et fasse venir le touriste parisien », juge Francis Dubrac,
président de l’office du tourisme. « Ce sera un projet fédérateur », assure le
maire communiste.
20 millions d'euros à trouver
L’idée est de lancer un chantier de restauration promouvant
le savoir faire manuel et un chantier d’insertion de formation aux métiers de
la pierre. Le projet coûterait quelque 20 millions d'euros. Pour les trouver,
les initiateurs veulent attirer les mécènes. Ils ont confié le comité de
parrainage à l’académicien Eric Orsenna, ancien conseiller culturel de François
Mitterrand qui soutient déjà la reconstruction de la frégate Hermione à
Rochefort. Des entreprises comme Saint- Gobain pourraient s'investir; d'autres
sont attendues.
« L’autre source de financement proviendrait des visites du
chantier avec un échafaudage pour voir la progression des travaux », explique
Luc Fauchois, chargé du projet. Lors de la conférence de presse de présentation
du projet, Eric Orsenna a promis : « Un tel projet rassemble et crée un élan.
Il faut retrouver l’enthousiasme du Moyen-âge ». En ces temps de crise, les
élus sont persuadés qu’un tel chantier serait un signal de fierté pour ce
territoire. Saint-Denis vaut bien une nouvelle messe bâtisseuse.
Source : Le Monde
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