Francis Dubrac jette l’éponge. « Usé par tant de calomnies, je m’apprête à démissionner vendredi soir », confiait hier le président de l’ex-Medef 93 Ouest. L’homme, figure emblématique de Saint-Denis, où il dirige l’entreprise de travaux publics fondée par son grand-père il y a quatre-vingt-dix ans, était engagé depuis des mois dans une curieuse « guerre des patrons » de Seine-Saint-Denis.
Un ultime épisode semble l’avoir hier poussé à bout : la démission collective, annoncée également hier, d’une partie des membres de son conseil d’administration.
Impossible de comprendre l’intrigue sans rappeler que la
Seine-Saint-Denis vit depuis des années dans une situation étrange. Elle
disposait jusqu’à il y a peu de deux syndicats de patrons : d’un côté, le Medef93 Ouest (regroupant 300 entreprises de Plaine Commune et de communes voisines),
de l’autre, le Medef de l’Est parisien (qui revendique 800 adhérents), à cheval
sur le 93 et le 94. En 2011, le Medef national veut regrouper les deux
structures au sein d’un Medef 93. A sa tête est alors élu Antoine Hollard,
fabricant de fauteuils haut de gamme de Montreuil, qui dirige déjà le Medef de
l’est parisien.
Une
médiation a été tentée, mais sans succès
C’est alors que la
guerre commence. L’élection est contestée par Francis Dubrac. Le scrutin n’est
pas direct et s’appuie selon lui sur les cotisations d’entreprises du
Val-de-Marne. Faux, rétorque Antoine Hollard, qui assure que le calcul ne prend
en compte que les effectifs du 93. Fin 2012, le Medef 93 Ouest finit par
quitter la structure départementale. « Je suis un démocrate, argumente Francis
Dubrac. A partir du moment où la voix de l’adhérent n’est pas prise en compte,
je m’en vais. » Le chef d’entreprise y voit aussi une manœuvre de la direction
nationale pour installer Antoine Hollard au conseil exécutif et aider Laurence Parisot
à conserver son fauteuil de patronne du Medef. L’intéressé dément encore : « On
est entre la bouffonnerie et la caricature. Je suis entré au conseil exécutif
pour défendre un territoire, les chefs d’entreprise sont des gens libres. » «
En aucune façon Laurence Parisot n’est intervenue dans cette affaire », martèle
le délégué général du Medef Ile-de-France, Jérôme Dubus, qui indique qu’une
médiation a été tentée, sans succès.
Cette agitation déplaît en tout cas. Le Medef a interdit à
Francis Dubrac et à ses 300 adhérents de se prévaloir d’une appartenance à
l’organisation patronale. Certains adhérents commencent à quitter le navire : «
Surtout des grandes entreprises », assure Francis Dubrac, qui évoque des «
pressions » venues de Paris. Au sein même de l’ex-Medef 93 Ouest, les divisions
se sont creusées. Les élus démissionnaires demandent la convocation d’un
conseil d’administration extraordinaire. « Nous voulons réintégrer le Medef de
Seine-Saint-Denis, pour en faire un syndicat autonome et ambitieux », assure
Edouard de Penguilly, patron de DCF (Saint-Denis), qui accuse Francis Dubrac de
ne pas avoir œuvré dans ce sens. Ce dernier a pourtant adressé, en décembre,
une proposition de protocole d’accord pour former un « vrai » Medef 93… sans
les entreprises du Val-de-Marne. La solution « supposant la partition du Medef
de l’est parisien est inacceptable », répondait alors Antoine Hollard dans une
lettre le 1er février dernier. « En revanche, poursuivait-il, nous maintenons
notre objectif d’un Medef 93-94 unique auquel les entreprises adhèrent
directement. »Source : Le Parisien
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