Nos missions

lundi 25 mars 2013

La guerre des patrons fait rage au Medef


Saint-Denis et Montreuil. La guerre est déclarée entre Francis Dubrac (à gauche), président démissionnaire du Medef 93 Ouest, et Antoine Hollard, président du Medef de l’Est parisien. Le premier avait contesté l’élection du second à la tête de la toute nouvelle instance départementale, en 2011. Mais aujourd’hui, il doit faire face aux divisions dans son propre camp.

Francis Dubrac jette l’éponge. « Usé par tant de calomnies, je m’apprête à démissionner vendredi soir », confiait hier le président de l’ex-Medef 93 Ouest. L’homme, figure emblématique de Saint-Denis, où il dirige l’entreprise de travaux publics fondée par son grand-père il y a quatre-vingt-dix ans, était engagé depuis des mois dans une curieuse « guerre des patrons » de Seine-Saint-Denis.
Un ultime épisode semble l’avoir hier poussé à bout : la démission collective, annoncée également hier, d’une partie des membres de son conseil d’administration.

Impossible de comprendre l’intrigue sans rappeler que la Seine-Saint-Denis vit depuis des années dans une situation étrange. Elle disposait jusqu’à il y a peu de deux syndicats de patrons : d’un côté, le Medef93 Ouest (regroupant 300 entreprises de Plaine Commune et de communes voisines), de l’autre, le Medef de l’Est parisien (qui revendique 800 adhérents), à cheval sur le 93 et le 94. En 2011, le Medef national veut regrouper les deux structures au sein d’un Medef 93. A sa tête est alors élu Antoine Hollard, fabricant de fauteuils haut de gamme de Montreuil, qui dirige déjà le Medef de l’est parisien.
Une médiation a été tentée, mais sans succès

 C’est alors que la guerre commence. L’élection est contestée par Francis Dubrac. Le scrutin n’est pas direct et s’appuie selon lui sur les cotisations d’entreprises du Val-de-Marne. Faux, rétorque Antoine Hollard, qui assure que le calcul ne prend en compte que les effectifs du 93. Fin 2012, le Medef 93 Ouest finit par quitter la structure départementale. « Je suis un démocrate, argumente Francis Dubrac. A partir du moment où la voix de l’adhérent n’est pas prise en compte, je m’en vais. » Le chef d’entreprise y voit aussi une manœuvre de la direction nationale pour installer Antoine Hollard au conseil exécutif et aider Laurence Parisot à conserver son fauteuil de patronne du Medef. L’intéressé dément encore : « On est entre la bouffonnerie et la caricature. Je suis entré au conseil exécutif pour défendre un territoire, les chefs d’entreprise sont des gens libres. » « En aucune façon Laurence Parisot n’est intervenue dans cette affaire », martèle le délégué général du Medef Ile-de-France, Jérôme Dubus, qui indique qu’une médiation a été tentée, sans succès.
Cette agitation déplaît en tout cas. Le Medef a interdit à Francis Dubrac et à ses 300 adhérents de se prévaloir d’une appartenance à l’organisation patronale. Certains adhérents commencent à quitter le navire : « Surtout des grandes entreprises », assure Francis Dubrac, qui évoque des « pressions » venues de Paris. Au sein même de l’ex-Medef 93 Ouest, les divisions se sont creusées. Les élus démissionnaires demandent la convocation d’un conseil d’administration extraordinaire. « Nous voulons réintégrer le Medef de Seine-Saint-Denis, pour en faire un syndicat autonome et ambitieux », assure Edouard de Penguilly, patron de DCF (Saint-Denis), qui accuse Francis Dubrac de ne pas avoir œuvré dans ce sens. Ce dernier a pourtant adressé, en décembre, une proposition de protocole d’accord pour former un « vrai » Medef 93… sans les entreprises du Val-de-Marne. La solution « supposant la partition du Medef de l’est parisien est inacceptable », répondait alors Antoine Hollard dans une lettre le 1er février dernier. « En revanche, poursuivait-il, nous maintenons notre objectif d’un Medef 93-94 unique auquel les entreprises adhèrent directement. »

Source :  Le Parisien

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire